"La force du Jiu-Jitsu réside dans la capacité de dépassement de chacun. Se dépasser avec équilibre, contrôler ses émotions, éviter la confrontation, être sûr de ses actions, tels sont les objectifs principaux de la pratique.
L'école Behring aide à la formation du caractère à travers un travail éducatif. La self-défense est la base de l'école Behring Jiu-Jitsu qui comprend des actions en rapport avec la connaissance de sa capacité corporelle, physique, et émotionnelle.
L'apprentissage profond d'un Art directement fondé sur la persévérance et la détermination de chaque individu."
Gran Mestre Flavio Behring 9ème Dan de Jiu-Jitsu Brésilien (traduction JLC)
Le Behring Jiu-Jitsu n’est pas seulement un art martial efficace, c’est aussi un Style de Vie qui pourrait s’articuler de la façon suivante:
EXTRAIT D'UN MAGAZINE JJB EN PORTUGAIS TRADUIT PAR CASSOS...
CORPO QUATRO: Entrainement avec Gran Mestre Alvaro Barreto et Mestre Sylvio Behring à Copacabana / La véritable histoire et la philosophie du jiu-jitsu Brésilien
Je prends un ascenseur qui me conduit au sommet de l'immeuble pour me rendre au centre de remise en forme "Corpo Quarto". Comme la plupart des centres de remise en forme, il abrite une académie de jiu-jitsu. Celle-ci, selon le magazine Warrior, est tenue par Fernando Pinduka un célèbre étudiant de Carlson Gracie. La réceptionniste me dirige vers une salle à l'arrière. Des ceintures Blanches, bleues et violettes sont en train de tourner. Je ne vois pas Pinduka. Un jeune homme, au physique agréable et portant une ceinture noire vient vers moi. "Pinduka n'enseigne plus ici" me dit-il "C'est moi maintenant" C'était Sylvio Behring.
Je connaissais la famille Behring, Marcello le frère aîné de Sylvio avait été le meilleur étudiant de Rickson et un très bon combattant de vale tudo avant d'être tragiquement assassiné par un dealer de drogue. Flavio leur père était l'homme qui avait établi le jiu-jitsu à São Paulo.
Sylvio me présente au propriétaire de l'Académie Alvaro Barreto, une ceinture 8 graus (degrés) dont le frère aîné João Alberto avait été un associé de Carlos et Helio Gracie.
Sylvio et Alvaro m'invitent tous deux à m'entrainer.
J'enfile mon kimono et Sylvio me dit: "Echauffe toi à ton aise et fais-moi signe quand tu seras prêt, tu t'entraines depuis assez longtemps pour savoir ce que tu dois faire", Alvaro acquiesce. Cela me plait, car trop d'enseignants confondent échauffement avec cours d'aérobic. Ce sont deux choses bien distinctes et le but recherché n'est pas le même. Passer plus de temps sur l'échauffement que le temps nécessaire pour est chaud (à Rio ça va très vite), est un gaspillage de temps d'entrainement. La plupart des gars plus avancés ne font pas un échauffement à part. Ils s'échauffent en tournant à un rythme plus lent et moins intense.
J'aime m'échauffer en effectuant des sous-mouvements qui sont nécessaires dans une gamme de techniques, comme ponter ou "fugir de quadril" (sortir la hanche) par exemples. Alvaro me regarde et me témoigne son approbation d'un petit signe de tête. Sylvio me dit alors qu'Alvaro voudrait voir quel est mon niveau, il me demande de tourner avec une ceinture bleue qui est plus petit que moi, mais qui vient de gagner un tournoi la semaine précédente à São Paulo. "Tourne cinq minutes avec lui", me dit-il. Je remarque pendant cette lutte que mes renversements à partir de la garde fermée qui normalement fonctionnent très bien sont inefficaces. Cinq autres minutes, suggère Sylvio. Je survis mais je me fatigue beaucoup plus rapidement que mon adversaire. "Un round de plus" me dit Sylvio. "Je veux voir comment tu combats lorsque tu es fatigué". "Tu es déjà en train de le voir", pensais je. Cinq minutes de plus, même résultat. Alvaro me demanda alors si il y a une chose en particulier que j'ai envie qu'il m'enseigne. L'expérience que je viens de vivre m'a donné envie mais surtout m'a fait comprendre que j'ai besoin d'apprendre une plus grande variété de techniques à partir de la garde ouverte.
Sylvio approuve. "C'est bien, Tu as besoin de connaitre les renversements depuis la garde ouverte pour combattre au niveau ceinture bleue. Les renversements à partir de la garde fermée ne fonctionnent pas sur une personne qui a une bonne posture". Ce qui est sensé être le cas d'une ceinture bleue. Alvaro me montre alors quatorze renversements à partir de la garde ouverte, des variations, des enchainements et des drills pour les travailler. Je dis à Sylvio que j'avais le sentiment d'avoir fait un grand pas en avant. "Oui", me dit-il, "Maintenant tu connais les techniques c'est bien, mais il va te falloir 12 mois de travail avant de pouvoir les utilisés efficacement". J'essaye de mettre en pratique certaines d'entre elles directement sur des gars. Ils passent tous très facilement ma garde. Je pense que Sylvio a raison. Je dois les pratiquer. Je remarque aussi du fait de me faire si souvent passer la garde et ensuite contrôler en croix par mes adversaires, que j'ai des difficultés à sortir de cette position. Donc je vais aussi devoir travailler là-dessus.
Après le cours, Alvaro m'invite dans son bureau. "Si tu as besoin de quoi que ce soit, il suffit de demander", me dit-il. En fait, il y avait une chose que je voulais savoir. Je voulais qu'il me raconte le développement du jiu-jitsu à Rio depuis le système d'auto-défense que Carlos avait appris jusqu'au sport qu'il était devenu aujourd'hui. J'avais le sentiment que le jiu-jitsu avant et après le premier UFC en 1993 était très différent.
L'histoire commence avec James Gracie, qui émigra d'Écosse en 1870 et vint s'établir au Brésil ou il fonda une banque à Rio pour faire des affaires avec des sociétés de négoce Britannique. Son fils Gastão rejoint le corps diplomatique Brésilien (Le Ministère des Affaires étrangères) et déménagea dans la région du Nordeste à Belem. Là, il rencontra Mitsuo Maeda, alias Conde Koma, qui était venu en 1917 en qualité de représentant du gouvernement japonais pour veiller aux intérêts des immigrants Japonais. Maeda qui était un 6ème dan en jiu-jitsu et judo enseigna à Carlos l'ainé des cinq fils de Gastão les bases de jiu-jitsu. Carlos, à son tour, après le départ de Maeda, enseigna au plus jeune et les plus faibles de ses frères. Helio.
Cette partie de l'histoire est connue de tous. Que s'est-il passé ensuite?
En 1940, Helio créa une académie au n° 82/901 Praia do Flamengo dans la zone du sud de Rio de Janeiro. Ensuite en 1948, Carlos et Helio ouvrirent une grande école au 17eme étage du 151 av. Rio Branco dans le quartier des affaires. Copacabana et Ipanema n'étaient que des portions de plages à ce moment-là. João Alberto le frère aîné d'Alvaro était l'un des instructeurs avec Helio et les frères Robson et Carlson (plus deux autres qui n'étaient pas des Gracie: Helio Vigio et Armando Wried). À cette époque, il n'existait pas de "ceinture noire Gracie". Selon "A História do Jiu Jitsu através dos tempos", les étudiants portaient des ceintures blanches, les instructeurs portaient des ceintures de couleur bleu foncé, et les maitres portaient des ceintures bleu clair
("o aluno era faixa branca, o instrutor era faixa azul escuro e o mestre azul clara" ). En outre, il n'y avait pas de degrés (dan en japonais, grau en portugais) pour chaque niveau de ceinture, ceci afin de distinguer le jiu-jitsu du judo ("para não se confundir com o judô, não haviam graduacões de faixa").
Alvaro estime à 2000 le nombre de personnes qui ont appris le jiu-jitsu au cours des vingt ans, durant lesquels l'école resta ouverte. Parmi ces étudiants on peut citer le futur gouverneur de Rio, Carlos Lacerda et le futur président João Figueiredo. A cette époque si vous vouliez apprendre le jiu-jitsu, plusieurs options s'offraient à vous. En plus de l'Académie située au Centre-ville, dans le quartier des affaires. Deux des étudiants d'Helio, Haroldo Britto et Pedro Hemetrio avaient ouvert leurs propres écoles, le premier à Ipanema, le second en dehors de Rio à Ceara. Un ancien élève de George Gracie, qui s'appelait Fada, avait également ouvert une école dans la banlieue de Rio.
L'académie ferma en 1968. C'est à peu près au même moment que la famille se divisa en clans. Le clan Carlson et le clan Helio (il y a aussi des clans au sein des clans). Helio ouvrit alors une petite école Rua Humaita à Botafogo (où Royler et Rolker enseignent toujours). Carlson ouvrit la sienne Rua Figueiredo Magalhães à Copacabana, Rolls enseigna également à cette adresse jusqu'à son accident en 1982. D'autres académies furent crées à ce moment-là, certaines avec l'approbation des Gracie, d'autres sans.
En 1967, Alvaro, Helio, João Alberto et Helcio Leal Binda créèrent la première fédération de jiu-jitsu au Brésil, la "Federacão de Jiu-jitsu do Rio de Janeiro, Estado da Guanabara". (Le nom fut changé en 1977 pour devenir la " Federacão do Jiu-Jitsu do Estado do Rio de Janeiro"). Ils créèrent alors le système de progression avec des ceintures de couleurs. Blanche, bleue, violette, marron et noire pour les adultes, plus une séquence intermédiaire de jaune, orange et verte entre la blanche et la bleue pour les enfants âgés de moins de 16 ans. C'est à cette époque qu'ils se sont accordés leurs ceintures noires et les Grau (dan) et ont fixés des règles en vue de compétitions. Ceci dans le but de rendre le jiu-jitsu "um esporte e não uma arte de briga" (un sport et non un art de bagarre).
En 1988 Robson créa une nouvelle fédération. Son frère Carlos Jr. s'estimant mit de côté créa son propre organisme, qui englobait le tout la "Confederacão Brasileira" en 1993. Cette époque coïncide avec le premier UFC organisé par Rorion qui créa le boom aux États-Unis et au Brésil. La Confédération parraina immédiatement deux tournois, le "Campeonato Brasileiro" (Championnat du Brésil) et les "Campeonatos Brasileiros de Equipes" (Championnats du Brésil par équipes) en 1994, qui depuis sont devenus des événements annuels. Pour établir des liens avec les académies des nombreux Brésiliens expatriés, le "Pan-Americano" fut organisé pour la première fois en 1995. Avec la perspective des Jeux Olympiques de 2004, dans l'optique très optimiste que la ville de Rio puisse être sélectionnée pour les accueillir, le "Campeonato Mundial de Jiu-Jitsu" (Championnat mondial de jiu-jitsu) fut créé en 1996.
Le Mondial fut précisément crée dans le but d'attirer les combattants étrangers, et de proposer le jiu-jitsu en sport olympique potentiel (visando a inclusão do jiu-jitsu como esporte olimpico o mais breve possivel). En 1999, des combattants des États-Unis, France, Japon, Finlande, l'Allemagne et plusieurs autres pays participèrent.
Les combats mettant aux prises des représentants du jiu-jitsu face à des combattants d'autres styles existent depuis le début. C'était généralement des combats qui avaient lieu suite à des défis. Ils rapportaient un peu d'argent, suscitaient un certain intérêt, mais ne stimulaient pas une forte demande pour les cours de jiu-jitsu. Du moins jusqu'en 1991, lorsqu'un vale tudo fut organisé entre les combattants du jiu-jitsu et ceux de la luta livre (Wallid Ismail vs. Eugenio Tadeu, Murilo Bustamante vs. Mercelo Mendes et Fabio Gurgel vs. Denilson Maia que vous pouvez les voir dans Gracie in action). Un quatrième combat entre Marcello Behring et Hugo Duarte, était prévu, mais n'eut pas lieu. Les combattants du jiu-jitsu remportèrent la victoire et les inscriptions à leurs académies triplèrent. Le boom au Brésil date de cette époque. Une des raisons pour lesquelles la luta livre n'a pas bénéficié de ce boom est que tous les combattants de la luta livre avaient perdu. L'histoire aurait pu être très différente si l'un ou l'autre d'entre eux avait gagné.
J'étais très intéressé par ce que Sylvio et Alvaro me racontaient. Ils semblaient tout savoir et connaître tout le monde, c'était impressionnant. Malgré tout, ils étaient assez vagues à propos des dates précises. Mais c'est compréhensible. Personne dans le jiu-jitsu n'aurait pu prévoir que vingt, trente ou quarante ans plus tard, leur art serait devenu un sujet prisé par des journalistes étrangers et des écrivains et qu'ils seraient interrogés sur les détails de ce qu'ils avaient fait tel jour de tel mois au cours de telle année. Malgré tout ils ont essayé.
Alvaro me remit une monographie appelé "Historia do Jiu-jitsu atraves dos Tempos", écrite par trois de ses élèves de l'Escola de Educacão Fisica e Desportos de l'Universidade Fédéral do Rio de Janeiro, où il était professeur. J'ai utilisé cette monographie pour combler certaines lacunes de l'histoire. J'y ai entre autre aussi appris, que le combat entre Rickson et Hugo Duarte sur la cassette "Gracie in action" était en fait un re-match. Leur premier combat c'était terminé par un match nul parce qu’Hugo avait saisi Rickson par sa "rabo de cavalo" (queue de cheval) et ne voulait pas lâcher. Depuis ce jour, Rickson ne porta plus jamais de rabo de cavalo.
Sylvio est celui avec qui j'ai le plus discuté, car il était plus souvent là, il parlait anglais et il aimait parler. Il pouvait fournir toutes les idées, conseils et explications que vous vous attendez de recevoir de la part de quelqu'un qui pratique son art depuis l’âge de quatre ans. En fait, M. Alvaro avait été son premier professeur. (Parfois, Ian le fils de Sylvio qui avait 11 ans s'entrainait avec nous. Plus grand, il voudrait devenir professeur de jiu-jitsu).
L' "Internacional de Masters e Seniors" allait avoir lieu dans une semaine ou deux. Je prévoyais d'y participer. Je savais que Café et Leka, qui représentaient l'équipe Dojo jiu-jitsu, ne prenaient qu'un jour de repos avant le Mundial. Je pensais que plusieurs jours seraient mieux, non seulement pour se reposer mais aussi pour éviter de se blesser sans avoir le temps de récupérer. Le genre de petites blessures qui se produisent tout le temps et ne sont pas très graves en temps normal, mais qui dans un tournoi à élimination, qui plus est, le plus grand de l'année, pourrait faire la différence entre la première et la deuxième place, ce qui est une énorme différence.
Sylvio ne pensait pas que se reposer était nécessaire. "Un jour de tournoi est juste un jour d'entrainement comme un autre". Chacun a ses propres raisons qui le poussent à s'entrainer ou à participer à des compétitions. Si vous aimez la compétition, participez. Si vous n'aimez pas ça, ne le faites pas. Certains gars qui ne font pas de compétitions sont meilleurs que certains gars qui en font. Flavio Conte fait des compétitions de judo, mais pas de jiu-jitsu et Sylvio pense qu'il pourrait facilement en gagner s’il en faisait. (Quelques semaines après le Mundial, Flavio tourna avec Vitor Shaolin, qui venait de remporter une médaille d'or, et le finalisa à six reprises).
La compétition a du bon. Elle vous montre comment vous vous comportez quand vous êtes sous pression. Mais il y a un aspect négatif, car le jiu-jitsu original qui a été créé pour l'auto-défense, tend à être négligé dans de nombreuses académies en faveur des techniques de compétitions. En outre, la pression que vous ressentez pendant l’attente avant le début des combats dans un tournoi n'est pas la même pression que celle qu'on ressent au milieu d'une bagarre de rue. Aujourd'hui un grand nombre de ceintures noires ne connaissent même pas les techniques traditionnelles d'auto-défense et ne pourraient même pas les enseigner correctement même
s’ils essayaient, dit Sylvio. Quel est l'intérêt de devenir un champion si vous n'êtes même pas en mesure de savoir réellement vous défendre? L'art des projections a aussi tendance à être oublié, poursuit-il. Les seuls gars qui sont capables de faire de bonnes projections sont ceux qui ont étudié le judo. Sylvio avait étudié le judo avec George Mehdi dont l'école se trouve à quelques pâtés de maisons d'ici à Ipanema "Nous pratiquons d'ailleurs beaucoup les projections ici". Quand ils étaient jeunes, un jour Sylvio dit à Rickson, "Tu devrais apprendre le judo". Rickson lui répondit, "Tu ne comprends pas, je suis Rickson Gracie. Je ne peux pas aller dans une école de judo et me faire projeter par des ceintures blanches". Mais quelques années plus tard, Rickson alla apprendre le judo. Marcello le frère de Sylvio et meilleur élève de Rickson y alla aussi, bientôt suivi par un grand nombre de personne.
Mario Sperry par exemple a étudié le judo avec Mehdi pendant sept ans, avant de découvrir le jiu-jitsu. "C'est pour ça qu'il a de bonnes projections", déclare Sylvio.
Mario Sperry est également un bon exemple du genre de "tough guy" (dur à cuire) dont Carlson était toujours à la cherche pour les former à devenir des champions et représenter son type de jiu-jitsu (Carlson a dit dans une interview que le Gracie Jiu-jitsu et le Carlson Jiu-jitsu étaient deux styles complètement différents). Sylvio a des doutes à propos de ce type de jiu-jitsu. "Je suis curieux de voir ce qu'il pourra encore faire quand il aura 55 ans", dit il se référant à un combattant (excellent par ailleurs) utilisant un style "tough" similaire. Alexandre Café.
Un autre combattant "tough" dont le nom revenait souvent était Victor Belfort. L'avis de Sylvio était le même que celui que beaucoup de gens semblaient partager. C'est un clown, dit Sylvio. "Mais nous sommes fans", ajouta-t-il rapidement. Le mot portugais pour clown est "palhaço", mais Sylvio avait utilisé le mot "clown" en anglais. Il n'était donc pas clair de définir dans quel contexte et dans quelle mesure Victor était un "clown". Le fait que Sylvio et d'autres personnes décrivent Victor comme un clown aurait pu se référer à sa vie personnelle, ou ses méthodes d'entrainement (comme pavaner avec sa petite amie pendant les deux semaines qui précédaient son désastreux combat contre Randy Couture).
L'essentiel me dit Sylvio, est d'être détendu et d'apprécier votre entrainement. Vous n'allez pas tenir assez longtemps pour obtenir de bons résultats si l'entrainement est une épreuve. N'envisager pas le fait de taper comme une défaite, mais voyez ça comme la possibilité d'apprendre de nouvelles choses. Vous pouvez taper autant de fois que le vous voulez et pour différentes raisons, ça ne signifie pas forcément que vous avez perdu ou que l'autre type est meilleur que vous. Si vous n'aimez pas la position dans laquelle vous êtes et que vous voulez travailler une autre par exemple, tapez et recommencez. Ne vous inquiétez pas si les autres gars pensent qu’ils vous ont finalisés. Ce n'est pas le Mundial à chaque fois que vous tournez.
Une autre chose importante, me dit Sylvio, est de choisir intelligemment avec qui vous tournez. Vous n'êtes pas obligé de tourner avec tout le monde à chaque fois. Ne considérez pas ça non plus comme un défi parce que de toutes façons vous ne pouvez ni perdre ni gagner. Vous pouvez penser ça, mais si vous le faites, vous vous trompez. Tourner pour apprendre et s'améliorer et combattre pour remporter des médailles et des trophées sont deux choses complètement différentes. Si vous tombez sur un gars qui ne fait rien à part éviter de se faire renverser ou finaliser, qui ne cherche même pas à passer votre garde ou vous mettre en danger ou quoi que ce soit, comme le font souvent les énormes bodybuilders ou les lutteurs quand ils débutent. Si vous estimez que vous ne retirerez rien du fait d'avoir tourné avec lui. Vous n'avez pas besoin de tourner avec lui. Bien que d'un autre coté le fait de tourner avec un grand nombre de types avec des styles différents est aussi bénéfique pour vous à long terme.
Dans le même ordre d'idée quand vous tourner avec un gars plus faible, vous devez réussir à travailler de manière a vous améliorer et emmagasiner de l'expérience. Si vous utilisez juste votre force ou votre technique supérieure, qu'accomplissez-vous ? Rien... Il vaut mieux s'asseoir et regarder. Il y a longtemps, Pedro Carvalho est venu s'entrainer à l'Académie. Il était déjà ceinture bleue de chez Carlson et un bon combattant. Mais il ne s'entrainait pas intelligemment. Il s'amusait à tordre des petit gars, il finit même par blesser certains d'entre eux. Sylvio lui dit, "Mec, nous n'avons pas besoin de toi ici, trouve toi un autre endroit pour t'entrainer". Pedro saisit le message et commença à s'entraîner de façon plus intelligente.
Je ne sais pas ce que Sylvio connait à propos du Jeet Kune Do. Mais dans un sens, le jiu-jitsu est du Jeet Kune Do dans sa forme la plus pure. Durant les deux dernières semaines j'avais appris quatre ou cinq versions d'un renversement que tout le monde semblait aimer faire ces derniers temps. Les variations étaient au niveau du grip et chaque personne qui l'enseignait, recommandait un grip différent. Je demande alors à Sylvio quel est le "bon" ou "meilleur" grip. Sa réponse exprima l'essence du Jeet Kune Do: "Vous devez trouver ce qui fonctionne pour vous". "Trouver" implique explorer.
"Fonctionne", des essais fondés sur le critère de l'efficacité. L'expression "pour vous" exprime l'individualité que chacun apporte à tout art. Le sujet pronom "vous" indique que le tout incombe en premier chef à l'élève, plutôt qu'à l'enseignant. Sans en avoir forcement l'intention, Sylvio avait résumé la philosophie de Bruce Lee en huit mots.
Comme le Dojo Jiu-jitsu d'Aloisio, Corpo Quatro est petit et indépendant. Il doit y avoir seulement environ 35 personnes qui s'entrainent là-bas. "Nous aimons que ce soit comme ça", dit Sylvio. Alvaro et Sylvio ont passés la majeure partie de leur vie dans le jiu-jitsu. L'essor actuel est juste un pixel sur l'écran et n'est pas une raison valable pour modifier un programme qui a déjà passé avec succès les épreuves du temps et de nombreux vale tudo. Il est plus probable qu'improbable, que lorsque l'engouement se sera estompé ce qui restera sera le jiu-jitsu qu'ils avaient appris et enseignés déjà des années avant le début du Boom.
Si les fondamentaux ne changeront jamais, dans les détails le jiu-jitsu est en constante évolution, guidé par la quête de médailles dans les tournois et les gains dans les compétitions internationales (en particulier au Japon et Abou Dhabi). Lorsque j'ai demandé à Sylvio s'il était possible d'exécuter un mouvement particulier à partir d'une position particulière, il me dit, "si vous m'aviez demandé ca il y a quelques années, j'aurais dit que c'était impossible, mais maintenant les gars font des choses impossible tout le temps". En disant ça, il doit faire allusion à des gars comme Roleta et Leo Vieira, bien que maintenant suivant leur exemple, on voit même des ceintures bleues faire des mouvements spectaculaires et acrobatiques. C'est une excellente chose pour le développement du jiu-jitsu d'un point de vue sportif et pour les spectateurs. Que ce soit bon pour le jiu-jitsu comme une forme d'auto-défense c'est autre chose.
À Corpo Quatro l'accent était mis sur de solides bases dans les fondamentaux et la polyvalence. Dans le milieu du jiu-jitsu, il existe trois types de combattants: les gars qui sont "tough" (durs, puissants), les gars qui sont techniques, et les gars qui sont à la fois "tough" et technique. L’Académie de Carlson et celle de Fabricio sont célèbres pour former des gars "tough". Corpo Quatro semble principalement axé sur la formation de gars techniques. Bien que l'Académie compte aussi quelques gars "tough". L'un d'entre eux, était Marcio Corleta (qui n'était pas à Rio pendant mon séjour à Corpo Quarto) qui venait de gagner la médaille d'argent en "pesadissimo" (+97 kg) en ceinture marron lors du dernier Mundial. Il y avait aussi Rodrigo Munduruca qui lui était présent lors de mon séjour. Rodrigo avait remporté les titres régionaux en ceinture violette catégorie "pesado" (91 kilos), et allait bientôt recevoir sa ceinture marron, me dit Sylvio. Il était à la fois très technique et puissant. J'ai tourné avec lui quelques fois, une fois j'ai réussi à le prendre en triangle, j'étais sûr que c'était parce qu'il m'avait laissé faire. "Não" (non), me dit-il, "j'ai fait une erreur et vous l'avez exploitée". Je ne l'ai pas cru pendant une minute. J'ai d'abord pensé que tout au plus il m'avait donné une chance qu'il ne donnerait pas en temps normal à un adversaire "sérieux". Mais d'un autre côté, il y a trop de moyens efficaces pour échapper à des triangles. Si je ne connaissais pas la plupart d'entre eux à l'époque, il ne faisait aucun doute que Rodrigo lui les connaissait. En fin de compte l'interprétation plus raisonnable serait qu'il ne pensait pas que je puisse réussir un triangle et il m'a donc donné toutes les occasions de le faire et ensuite n'a pas réussi à s'en échapper quand je l'eu fait. Sylvio regardait, il souriait.
La plupart des gens qui pratiquent le jiu-jitsu sont intéressés ou l'étaient lorsqu'ils ont commencé par l'auto-défense. Vous devez être capable de réagir de manière appropriée sans y penser, parce que la pensée prend trop de temps, me dit Sylvio. Il estime que les techniques doivent devenir automatiques avant de pouvoir être efficaces. Mais il est un lieu de pensée consciente dans le processus d'apprentissage. Sylvio a développé un exercice qu'il nomme le jiu-jitsu xadrez. "Xadrez" est le jeu d'échecs en portugais. L'exercice est de tourner comme vous le feriez normalement, mais de segmenter votre jeu en pauses et points de décision entre chaque mouvement. En d'autres mots, comme dans les échecs, vous faites un mouvement et attendez que votre partenaire analyse le changement de position qui en découle, calcule son plan et puis finalement, donne sa réponse. Vous pouvez alors donner votre réponse de la même façon et ainsi de suite. Vous voyez alors ce qui se passe au fur et à mesure et en théorie vous voyez pourquoi certains mouvements sont appropriés ou pas dans telle ou telle situation. Cet exercice vous permet aussi de voir des lacunes dans votre jeu que vous n'auriez pas pu voir autrement. Cela prend un certain temps pour s'habituer à travailler de cette façon, me dit Sylvio, mais une fois que vous y arrivez, "vous adorez".
Sylvio recommande également d'isoler les différentes parties de votre jeu. Quand ils tournent, la plupart des gens ont tendance à ne faire ce qu'ils font déjà bien et évitent de faire ce qu'ils maitrisent mal. Alors qu'en dehors d'un combat en compétition, c'est le contraire qu'il faut faire. Mais les gens n'aiment pas être finalisés ou être montés, donc le fait qu'ils risquent de taper ou se retrouver coincés en mauvaise position en tentant un mouvement qu'ils ne maitrisent pas encore bien rend encore plus difficile le fait d'éviter qu'ils ne fassent que ce qu'ils maitrisent déjà. La solution est d'en faire un drill (exercice). Par exemple, votre tâche pourrait être de renverser votre partenaire à partir de votre garde ouverte et la sienne serait logiquement de passer votre garde sans être renversé (S'il se contentait d'éviter d'être renversé, ce serait extrêmement difficile pour vous, de réussir le renversement, à moins que vous ne sachiez déjà le faire correctement, mais vous n'êtes pas sensé savoir le faire puisque c'est la raison pour laquelle vous faites l'exercice). Dès que l'un de vous a accompli son objectif, vous recommencez tout à zéro. Personne ne perd son temps car les deux travaillent et il n'y a pas de problème d'ego brisé.
Sylvio avait des centaines de drills, chacun était conçu pour atteindre un but particulier. Mais, comme partout ailleurs, tourner était considéré comme le meilleur des exercices. Le soir, il n'y avait pas beaucoup de gars avec qui tourner. Je tournais donc souvent avec Sylvio. Il me demandait ce que je voulais travailler et je lui disais toujours la garde ouverte. J'avais encore des problèmes avec les renversements à partir de la gare ouverte, je ne pouvais toujours pas les exécuter en temps réel et en situation. J'avais également des difficultés à passer les gardes ouvertes. «Garde ton tibia proche de la jambe du partenaire", me conseillait Sylvio. "Maintiens la pression". "Attention à tes bases" me dit Sylvio alors que je m'étais distraitement penché juste un peu trop loin en avant dans sa garde ouverte en négligeant d'avoir au moins une main libre. "J'aime quand les gars font ça", me dit-il, en me faisant voler dans les airs avec un tomoe nage.
Ce fut une leçon, le genre de celle que vous devez vivre pour comprendre. Le jiu-jitsu est comme ça.
Who is Mestre Professor Sylvio Behring ?...
Master Professor Sylvio Behring started training in 1966 at the age of four, out of Master Joao Alberto Barretos’ Academy (9th degree, red belt under Master Helio Gracie). He primarily trained with his younger brother Marcelo Behring under the watchful eye of his father, Master Flavio Behring, also a direct student of Helio Gracie.
In 1972, they moved to Sao Paulo and trained at Professor Gastao Gracie Junior’s School. Master Flavio Behring would teach all the classes when they would visit. This played an important part in developing the self-defense skills of Sylvio Behring and his brother Marcelo. During the summers, Sylvio and Marcelo would train at Master Alvaro Barretos' School (9th degree, red belt / blackbelt) in Copacabana. When they moved back to Rio, Sylvio signed up with Master Alvaro and began studying and developing his understanding of the Progressive method of teaching. They trained everything: self-defense, Judo and very technical ground fighting (gi and no gi grappling). Under Master Alvaro’s instruction, Sylvio would receive his Blackbelt.
Training was intense between freestyle and reality-based self-defense. Sylvio, along with Marcelo, trained in Judo with Sensei Helcio Gama, Ney Wilson, Marco Aurelio Gama and Julio Gama. In 1982, Master Flavio Behring felt that his sons were ready for the next step in Judo so he signed them up at Sensei Mehdis’ School. There, they would learn a lot of Jiu-Jitsu and Judo from Edgard Freitas while having had the honour of attending classes with Sensei de Lucca, Master Helio Gracie, Master Relson Gracie, Master Rickson Gracie, Sensei Geraldo Bernardes and countless others.
Master Professor Sylvio Behring was honoured as the best Brazilian Jiu-Jitsu Coach in Brazil in 2003 and is currently regarded as one of the premiere Brazilian Jiu-Jitsu Instructors in the world. He continues to bring honour to his father, his family, the art and the history of Jiu-Jitsu through his diligent practice, love of the art, his patience as a teacher and the respect that he gives to all of those that have the privilege of meeting him in person. He is an inspiring Martial Artist, a gentleman and a true Master.
OSSS!!!
JLC TASK BEHRING JIU JITSU
ARTICLE INTERESSANT DE M. CHRISTIAN DERVAL
FEIXA PRETA 4EME GRAU BEHRING JIU-JITSU
JIU-JITSU BRESILIEN ART MARTIAL
Le Jiu-Jitsu Brésilien trop souvent assimilé aux UFC ou plus régulièrement au newasa (combat au sol) voit sa pratique petit à petit se scléroser et d’ailleurs certains autres arts martiaux, ne voient dans cette discipline, qu’un moyen d’améliorer, leur propre pratique.
Aussi, il me paraît important de retrouver une ligne directrice à notre activité.
Je pense que tout type de population peut se retrouver dans notre enseignement car le Jiu-Jitsu Brésilien c’est 3 directions de travail différentes.
A savoir :
1. La self défense
2. Combat de type « vale tudo »
3. Le combat au sol
La différence essentielle entre le 1 et le 2 ne réside pas dans la technique, car celles-ci sont transversales, mais dans la façon d’appréhender le combat. En self défense il y a une notion de surprise (l’adversaire étant déjà dans votre périmètre de sécurité, la défense va faire appel à « un acte reflexe », travaillé à l’entraînement sous forme de répétitions (uchi komi).
Pour le combat nous sommes face a un adversaire qui a la même ambition que nous c'est-à-dire gagner le combat avec ses propres armes. Il va nous falloir casser la distance, car cette fois ci nous sommes en dehors du périmètre de sécurité, et la stratégie entre en ligne de compte.
La 3ème partie, le combat au sol bénéficie aussi de ces techniques transversales, mais le combat va pouvoir se terminer au sol (dans ce cas de figure, s’il y a plusieurs adversaires, il est bien sur déconseillé d’aller vers le newaza) et bien sûr le développement de la partie compétition.
Dans « art martial » il y a art, si l’on se réfère à d’autres arts comme la musique par exemple, il y a des règles à respecter et nous pouvons les appliquer au Jiu-Jitsu Brésilien.
On peut apprendre à jouer d’un instrument « à l’oreille », mais sans les gammes et le solfège, on se retrouve vite dans une impasse :
1. Les gammes :
Pour nous ce sera toutes les formes de déplacements permettant d’accéder à la technique avec le maximum d’efficacité sur la mobilité.
Un grand maître de judo regardait un jour Aurélien, mon fils, et Patrick Roux (un judoka de très haut niveau) travailler ensemble. Le randori était très fluide et sa réflexion a été de dire que ce n’était pas du newaza, car le newaza, c’était « la pression », il avait tout à fait raison, pour celui qui était au-dessus, mais pour celui qui était au-dessous ? C’est justement sa mobilité travaillée grâce aux éducatifs qui va lui permettre de ne pas recevoir la pression, et créer des espaces pour pouvoir échanger.
2. Les bases :
On peut déterminer que l’on est en base a partir du moment que l’on est :
SMS = stable – mobile – sécurisé
Si l’on perd l’un de ces éléments on va vite se retrouver en difficulté, avec un adversaire qui comme aux échecs pourra jouer avec un coup d’avance.
On déterminera dans les positions traditionnelles les attitudes a avoir pour être en base.
Ex : je suis dans la garde, position idéale pour être en SMS. Je suis sur le dos, adversaire dans la garde, quelle attitude dois-je avoir ?
3. Techniques de bases que l’étudiant doit connaître dans les situations les plus conventionnelles.
4. Techniques intermédiaires
5. Techniques avancées
C’est ce cursus, auquel il faut ajouter un bon comportement en randori (combat d’entraînement) et une connaissance de l’histoire de notre sport qui pourront faire de vous une bonne ceinture noire de Jiu-Jitsu Brésilien.
Mais l’on ne peut pas aller vers les techniques avancées en faisant l’économie de l’apprentissage des gammes et des bases (ce qui reviendrait à apprendre à jouer d’un instrument sans solfège).
Ceci est en toute humilité ma réflexion sur notre art et c’est la trame qui est enseignée au Cercle Tissier.
Elle a vu le jour au fil du temps après une 1ère expérience avec Rickson Gracie mais surtout avec mon ami et Maître Flavio Behring avec qui j’ai la chance d’échanger des points de vue qui vont au-delà de la technique.
Je pense que les ceintures formées par notre système sont de bonnes ceintures noires et pas seulement de bons combattants.
La compétition qui, à mon sens est un passage obligé dans la construction d’un Jiu-Jitsuka n’est qu’un passage qui nous donnera une expérience supplémentaire (gestion du stress, piste de travail pour progresser etc…) n’oublions pas que nous les éducateurs sommes là pour former des hommes et non pas des champions.
La vertu d’un art martial c’est que l’on peut pratiquer longtemps, longtemps, longtemps…
Chacun voit dans le Jiu-Jitsu, ce qu’il veut bien y voir.
Ceci est ma réflexion et non pas la vérité. Aussi si votre idée du Jiu-Jitsu Brésilien est différente, échanger fait partie de notre progression.
Sportivement,
Christian Derval
Avril 2009